Le glyphosate est-il innocent ?

Chère amie, cher ami,

L’IPSN a participé à la conférence de presse de l’association Consommateurs pas Cobayes qui a eu lieu vendredi 1er juillet 2016 à la Fondation Léopold Mayer (Paris).

Bernard Astruc, coordinateur national de Consommateurs pas Cobayes, m’avait demandé de prendre la parole aux côtés de différents experts du CRIIGEN (Pr. Gilles-Eric Séralini, Dr. Christian Vélot, Dr. Joël Spiroux, Dr. Lilyian Legoff). Cet organisme réunit des scientifiques et des experts indépendants qui évaluent les risques et les bénéfices des OGMs et des substances chimiques sur la santé et l’environnement.

Pour ma part, j’étais invité à présenter l’action de l’IPSN et le formidable travail que votre soutien, ainsi que notre réseau d’experts, nous a permis de réaliser ces dernières années à travers les pétitions, les Congrès des herboristes et le Congrès International de Santé Naturelle, dont la 2e édition a lieu les 1er et 2 octobre prochains au Parc Floral de Paris.

Je vous engage à vous inscrire dès maintenant afin de participer à cette 2e édition qui s’annonce tout à fait extraordinaire par la qualité des intervenants, le nombre d’ateliers proposés et de sujets abordés (Infos et inscriptions ici).

La conférence de presse avait pour but de faire le point sur une réponse de la Commission européenne à une plainte déposée par l’association Consommateurs pas Cobayes. Cette plainte demandait que cesse le scandale du non étiquetage de la viande nourrie aux OGMs.

En effet, en France et en Europe, une grande partie des animaux d’élevage est nourrie au soja OGM importé des Etats-Unis et du Brésil. Cela a deux conséquences néfastes : d’une part, les animaux que nous mangeons sont bourrés d’OGMs, d’autre part, notre production de protéines – nécessaires à une bonne alimentation – dépend de l’étranger.

Le système agricole actuel construit autour de la Politique Agricole Commune pour nourrir tous les européens est donc un échec. Nous dépendons de grandes firmes étrangères, dont Monsanto, pour nourrir nos populations.

Protéines, santé et indépendance alimentaire des populations

Sortir de cette impasse est possible. Cela a même été envisagé par le législateur il y a 8 ans. La loi du 25 juin 2008, qui encadre les OGMs, évoque : « un plan de relance de la production de protéines végétales alternatif aux culturesd’organismes génétiquement modifiés afin de garantir l’indépendance alimentaire de la France. »

L’article 2 ajoute : « Les organismes génétiquement modifiés ne peuvent être cultivés, commercialisés ou utilisés que dans le respect de l’environnement et de la santé publique, des structures agricoles, des écosystèmes locaux et des filières de production et commerciales qualifiées  » sans organismes génétiquement modifiés « ,et en toute transparence. »

La loi prévoyait qu’un rapport soit remis à l’Assemblée nationale sur ces questions mais on l’attend toujours…

Et pourtant le sujet est primordial. Comme l’a rappelé le Dr. Lylian Legoff, autour des protéines se pose la question de la santé des citoyens et de leur indépendance alimentaire.

Marc Dufumier, ingénieur agronome, spécialiste de l’agro-écologie, a complété ce propos en rappelant qu’il est possible de nourrir sainement toute la population de la planète en pratiquant une agriculture de précision. Il estime qu’il est grand temps de proposer une agriculture qui sache utiliser parfaitement les ressources inépuisables à notre disposition : le soleil, le CO2 et l’azote de l’air. Pour lui, cela passe par de la pluri-culture où l’on associe par exemple des légumineuses (qui apportent des protéines végétales) à la culture de céréales. Les différences de taille des espèces cultivées permettent d’utiliser au mieux la lumière du soleil. Les légumineuses par ailleurs captent le CO2 et utilisent l’azote de l’air. La rizière est un parfait exemple d’un écosystème créé par l’homme ultra-productif et écologique qui n’utilise ni engrais, ni pesticides, ni OGMs….

Le glyphosate n’est pas l’ennemi que l’on croit !

Le Pr. Gilles-Eric Séralini et le Dr. Joël Spiroux ont tenu à rappeler que dans le Round up le problème n’était pas uniquement le glyphosate qui ne représente que 30 à 40 % de l’herbicide.

S’ajoutent à cette substance des adjuvants toxiques dérivés du pétrole. Or, les tests effectués aujourd’hui portent uniquement sur la molécule du glyphosate…

Selon le CRIIGEN, les OGMs posent des problèmes pour notre santé, ce qui n’est pas nouveau. On sait depuis des siècles que la sélection naturelle des espèces pour favoriser telle ou telle qualité a des conséquences préjudiciables sur la santé des êtres vivants concernés. Les chiens de race pure sont de santé bien plus fragile que les autres…

Avec la sélection, on améliore certaines caractéristiques d’un organisme vivant et on en détériore d’autres. Par exemple, les chevaux sélectionnés pour la course depuis des générations étaient inaptes au labour ou pour tirer une diligence, là où les chevaux de trait peinaient comparativement à la course.

Au problème de la sélection naturelle ou artificielle s’ajoute celui de la santé environnementale. Le principe des OGMs est de renforcer les plantes pour qu’elles résistent aux pesticides. Or, l’usage massif de pesticides a des conséquences notables sur la santé. Même si les scientifiques ne sont pas tous d’accord sur ce sujet, de nombreuses études sont venues le confirmer. La question aujourd’hui est plutôt de savoir dans quelles proportions les pesticides sont nocifs pour la santé. Le fait, par exemple, qu’il existe une coïncidence nette entre les régions à haute utilisation de pesticides et les régions où les agriculteurs sont les plus touchés par les cancers et la maladie de Parkinson est un indice qui devrait nous inciter à nous poser des questions.

De manière plus générale, l’environnement n’est pas assez pris en compte dans notre compréhension de la santé. En dépit des efforts réalisés, on continue à déverser chaque année des centaines de milliers de tonnes de produits chimiques dans la nature.

Et pendant ce temps, les cas de cancers, d’autisme, de maladies auto-immunes et de stérilité chez les jeunes couples sont en augmentation constante. On compte aujourd’hui 8000 maladies orphelines.

Malgré cette tendance de fond, la toxicologie règlementaire n’a pas changé. Le seul moyen de faire évoluer cette situation, selon le CRIIGEN, est d’améliorer l’accès aux données des études menées par l’industrie. Le groupe d’experts compte par ailleurs travailler de plus en plus sur l’inquiétante question du transhumanisme dont la logique totalitaire est proche de celle de ceux qui voudrait nous imposer les OGMs.

Ce panorama a été magistralement complété par le talentueux Dr. Christian Vélot qui enseigne, à l’Université Paris Sud, la génétique moléculaire. Il a d’abord rappelé l’absence de légitimité des comités consultatifs (ni élus, ni indépendants) des agences administratives européennes dont les avis font pourtant loi au niveau européen. Ce sont ces comités qui permettent à la Commission européenne de prendre la décision de prolonger l’autorisation du glyphosate pendant 18 mois par exemple au mois de juin dernier, alors que la plupart des opinions publiques européennes s’y opposent.

Il a par ailleurs précisé la différence qui existe entre les OGMs classiques que tout le monde connaît et les plantes mutées, qui sont aussi des OGMs.

Les OGMs classiques sont des organismes vivants que l’on modifie en introduisant un gène étranger. C’est la transgénèse. Ce sont des variétés de céréales que l’on modifie pour qu’elles survivent aux herbicides. Ainsi les cultures sont nettes de mauvaises herbes et le travail des agriculteurs se trouve facilité.

Les plantes mutées sont des OGMs dont on fait évoluer les gènes par des procédés toxiques. C’est la mutagénèse.

Cette dernière catégorie échappe à la législation sur les OGMs et est beaucoup moins repérable dans les champs.

D’autres OGMs sont en fabrication avec des procédés plus complexes.

Les fabricants d’OGMs nous emmènent vers un débat de plus en plus technique dans lequel les responsables politiques se perdent. Or, le problème des OGMs n’est pas une question technique, c’est un débat de société majeur dont les enjeux sont considérables. Il s’agit de notre santé, de la sécurité alimentaire, de la liberté des agriculteurs et plus généralement de la protection de la vie. En effet, le vrai débat est de savoir s’il est autorisé de breveter le vivant. Les grandes firmes agrochimiques en modifiant le gène de telle ou telle espèce se créent un monopole sur ces espèces. Cela leur donne un contrôle renforcé sur ce que nous cultivons, ce qui est inquiétant.
Nous ferons un point complet sur la question des OGMs et des pesticides avec le Dr. Christian Vélot lors de notre prochain Congrès International de Santé Naturelle à travers des conférences, des débats et des séances de dédicaces. Inscrivez-vous vite sur notre site Internet dédié à l’événement ici.

 

Agir dans la Cité

C’est la raison pour laquelle il est si important que nous soyons des membres actifs de la Cité. C’est ce que j’ai eu l’occasion d’expliquer lors de la conférence de presse en rappelant à quel point les actions citoyennes peuvent avoir une influence sur nos vies. D’abord parce que, même s’ils font mine de ne rien entendre, les pouvoirs publics suivent de près les actions menées par les citoyens et les prennent en compte. Si cela n’était pas vrai, la moitié des terres agricoles seraient couvertes d’OGMs en France. Aujourd’hui, les OGMs c’est moins d’un pour cent de la surface cultivée. Maintenons la pression !

Au sein de l’IPSN, nous avons chaque jour la possibilité de voir à quel point l’engagement sur le terrain peut porter ses fruits. Nous le vivons à travers nos campagnes, nos événements, toutes les rencontres que nous avons la joie de pouvoir faire.

Même si parfois l’on doute, notamment devant l’inertie des pouvoirs publics, il faut se dire que les actions menées sur le terrain donnent toujours des résultats. Nous devons rester mobilisés !

Voici quelques exemples que nous avons vécus au sein de l’IPSN :

En 2011, nous lançons une pétition contre la directive THMPD (1,4 million de signatures). Cette campagne défendait l’usage des plantes médicinales. A l’issue de l’action populaire, nous avons lancé, avec l’aide des herboristes, le Congrès des herboristes qui a favorisé la création de la Fédération des Ecoles d’herboristes puis celle du Synaplantes, le syndicat des métiers de l’herboristerie. La 4e édition de ce congrès a eu lieu cette année et a réuni plus de 600 professionnels et passionnés de plantes médicinales !

En 2014, la campagne de soutien à Emmanuel Giboulot (800 000 signatures) a favorisé sa relaxe et une réduction de la surface d’épandage de pesticides en Côte d’or.

L’année dernière, les campagnes sur le vaccin Gardasil (350 000 signatures) et levaccin DTP (1 025 000 signatures), menées par le Pr Henri Joyeux, ont remis au goût du jour la question cruciale de la vaccination. Il n’était plus possible de parler publiquement du sujet (ce que la ministre avait du reste affirmé haut et fort). Désormais, nous devrions avoir un débat national. Même si sur ce sujet, les choses bougent lentement.

Nous avons mené en 2013 une campagne pour la reconnaissance de la maladie de Lyme en France avec Lyme sans Frontière et Judith Albertat qui fait un travail de terrain formidable. Nous nous sommes battus la pour la libération du petit Joachim, retiré de la garde de ses parents parce que ces derniers étaient végétariens. Nous nous battons toujours avec le Dr. Michel de Lorgeril pour obtenir des études indépendantes sur les effets des statines ! Une association, l’AIMSIB, a été créée pour porter ce combat plus loin. Nous la soutenons pleinement !

Bref, les combats ne manquent pas. Tous demandent des relais, des actions de terrain. C’est aussi là que vous pouvez jouer un rôle, faire la différence.

C’est aussi exactement pour cela que je vous engage à venir nous rejoindre à l’occasion de notre 2e Congrès International de Santé Naturelle où vous retrouverez la plupart des acteurs de ces combats. Ce sont nos orateurs, ce sont des associations extraordinaires, ce sont des développeurs de solutions, des thérapeutes… Ce sont les sympathisants, vous, moi, tous ceux qui se soucient de leur voisin(e) et qui ont sans doute une information vitale à partager avec lui ou avec elle. Nous n’attendons plus que vous !

Alors, n’hésitez plus rejoignez nous les 1er et 2 octobre prochains !

Inscriptions ici : www.congresipsn.eu

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois

 


2 réponses à “Le glyphosate est-il innocent ?”

  1. mon époux agriculteur est décédé suite à une LLC

  2. Bonjour,
    les agriculteurs utilisant les desherbants type Glyphosates, tuent leur terre, dans la mesure ou disparaitront aussi, toute trace animale et microbiotique. L’effet aerateur et éponge ainsi réalisé disparaissant, les crises météorologiques s’amplifient d’autant.
    Les labours à l’ancienne, les empreintes bovines, enterrant des fibres en quantité ont disparu, les charges de carbone elles aussi, les besoins en engrais s’accentuent, la terre se meurt.
    Pendant cinq ans, la terre que j’ai soigné en Provence est resté déserte, malgré les retournements et pluies. Cela m’a rappelé cette terre alentour de Paris, desherbants spécifiques pour le blé, rien d’autre n’y vivait!!!
    Courage, merci

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