Les montagnes russes de la glycémie

Chère amie, cher ami,

Cette semaine, je vous propose de vivre un moment avec le Dr Michel Angles, médecin homéopathe et grand spécialiste de médecine chinoise. Il a vécu 25 ans en Chine, parle couramment le chinois, a rencontré toutes les grandes références de la discipline dans leur pays d’origine et a été l’un des fondateurs du diplôme de médecine chinoise de l’université de Montpellier.

Michel Angles est donc un pont entre deux cultures. C’est aussi un immense humaniste et un grand érudit que nous aurons l’honneur de recevoir en tant qu’orateur à l’occasion de notre deuxième Congrès International de Santé Naturelle auquel il est toujours possible de s’inscrire ici. Il nous fait la joie de rester les deux jours avec nous, ce qui vous donnera l’occasion de le rencontrer et d’échanger avec lui sur ces sujets qui vous tiennent à cœur.

Vous trouverez ci-après une interview de Michel Angles qui propose trois axes de travail pour garder et retrouver la santé. Ils sont inspirés de la médecine chinoise mais adaptés au mode de vie occidental.

IPSN : Depuis que vous êtes revenu en France, vous partagez avec le grand public votre expérience de la Chine et vos connaissances de la médecine chinoise. Que faut-il faire pour être en bonne santé ?

Michel Angles : L’essentiel de la santé des patients est entre leurs mains plutôt que dans celles du médecin. En suivant quelques lignes de bon sens, mais avec persévérance, on couvre 80% des besoins de santé des malades. J’ai créé un site Internet intitulé BMTBV « Bien Manger, Très Bien Vivre » où sont réunis tous les conseils que nous prodiguons en cabinet (http://www.bmtbv.com/).

L’essentiel de ce que nous enseignons avec mon équipe s’articule autour de trois grands principes :

>> Primum non nocere (d’abord ne pas nuire).

>> Que ton aliment soit ton médicament, selon la formule célèbre d’Hippocrate

>> Le mouvement, c’est la vie

Dans le domaine de l’alimentation, ne pas nuire, c’est commencer par éviter les produits nocifs. Cela paraît évident, mais il est toujours bon de le rappeler : les laitages, les céréales modifiées et les xénobiotiques (pesticides, additifs, colorants, conservateurs, etc.) sont mauvais pour la santé. La base, c’est de consommer des produits non transformés, de préférence bio, et d’éviter les produits qui, au fil des années et des repas, détruisent notre santé.

IPSN : Vous accordez donc une place centrale à l’alimentation ?

M.A. : En médecine chinoise, la diététique est en effet un élément clef de la santé. En Occident, certains principes ont été repris et adaptés à notre public par de grands scientifiques tels que le Dr Seignalet en France ou le Dr Barry Sears aux Etats-Unis. Ces grands médecins, dont les travaux se trouvent confirmés et précisés régulièrement, ont démontré scientifiquement ce que les Chinois expriment dans leurs traités de médecine depuis des millénaires.

L’importance de l’équilibre entre les apports de glucides, de protides et de lipides est, par exemple, un principe majeur pour rester en bonne santé. En effet, cela permet à la personne de rester « normo-glycémique ». En d’autres termes, cela permet d’éviter les pics et les creux de glycémie que la plupart des gens connaissent aujourd’hui. Les fameux coups de barre pendant la journée sont souvent liés à une chute vertigineuse de glycémie. C’est ce qui arrive lorsque l’on prend un petit-déjeuner très sucré composé, allez au hasard, de pain blanc, de confiture et d’un jus d’orange… Il s’agit là de produits gorgés de sucres raffinés qui passent très vite dans le sang.

Si le petit-déjeuner est pris à 8h30, la personne aura un vrai coup de mou entre 10h et 11h. Elle sera passée d’une glycémie très élevée à une glycémie très basse une fois que les sucres auront été transformés par le corps. C’est pourquoi il est recommandé de préserver un équilibre entre glucides, protides et lipides à chaque repas. En fait, c’est une manière de traiter son corps en douceur.

De même qu’après un jeûne, il vaut mieux ne pas prendre d’emblée des aliments trop caloriques et trop sucrés, il est préférable que chaque repas ou collation soient équilibrés. On évite les montages russes de la glycémie. En Chine, cela correspond à la notion du juste milieu. C’est une philosophie générale de vie qui s’applique aussi à l’alimentation.

IPSN : Mais cela est-il suffisant ?

M.A. Les scientifiques d’aujourd’hui ont mis en avant d’autres conseils simples à mettre en place et très utiles pour la santé. Il a été démontré, par exemple, qu’en Occident nous mangeons trop (de manière générale). Il serait bon de réduire notre apport calorique car nos modes de vie sédentaires, et plutôt en intérieur, engendrent des besoins moins importants qu’autrefois. On conseille de réduire de 20 % l’apport en calories par rapport aux recommandations officielles. Cela permet d’augmenter la durée de vie.

Autre aspect, aujourd’hui largement admis par les scientifiques : consommer des poissons gras deux ou trois fois par semaine est excellent pour le cerveau et la santé en général. Ces poissons regorgent d’omégas 3. On préfère toujours conseiller prendre des petits poissons : anchois, sardines, maquereaux, harengs. Les gros poissons comme le thon, voire le saumon, seraient intéressants aussi, s’ils n’étaient pas si souvent contaminés par des métaux lourds. En effet, derniers maillons de la chaîne alimentaire, ils recueillent tous les toxiques de la mer, et notamment le mercure.

IPSN : Ne peut-on pas avoir des omégas 3 grâce aux poules nourries aux graines de lin (filière Bleu Blanc Cœur) ?

M.A. : Si, bien sûr, mais ce ne sont pas exactement les mêmes omégas 3 puisque leur origine est végétale, alors que les poissons tirent leurs omégas 3 du krill qu’ils mangent. Pour les poules, l’idéal serait de les laisser s’alimenter d’elles-mêmes? comme cela a été le cas pendant des siècles. Elles raffolent de vers, d’insectes et même de petits serpents comme les orvets. Les voilà vos omégas 3 d’origine animale !

IPSN : Vous avez mentionné le petit-déjeuner. Que conseillez-vous pour ce repas ?

M.A. : J’aimerais d’abord, si vous le permettez, rappeler quel était le rythme de vie de nos grands-parents ou arrière-grands-parents en France. Ils se levaient à 5 heures, prenaient un repas à 7 ou 8 heures, puis un autre à midi et faisaient la sieste. De manière générale, on ne laissait pas passer quatre heures sans repas. Et je tiens à rappeler que le petit-déjeuner, cela doit être un vrai repas !

Le principe est encore bon aujourd’hui. Avec des apports caloriques réguliers, on garde un niveau de glycémie homogène. Nos besoins sont faciles à comprendre : il nous faut des apports caloriques réguliers, équilibrés et adaptés à l’effort que nous fournissons. Vous verrez sur mon site Internet un calculateur de calories qui permet de dire combien chacun doit consommer chaque jour (http://www.bmtbv.com/calculateur/).

En revanche, le petit-déjeuner continental que l’on trouve dans tous les hôtels de France et de Navarre est à bannir ! On l’a vu.

Selon le moi le petit-déjeuner idéal pourrait être constitué de fruits de saison frais (glucides) ainsi que d’une galette de sarrasin avec une cuillère de miel, un œuf ou un peu de poisson (protides) et des noix, noisettes ou amandes (lipides). Le tout accompagné d’une bonne tisane, d’un thé vert ou d’un café bio fraîchement moulu.

IPSN : L’ordonnance s’arrête-t’elle là ?

M.A. Non. L’un des grands principes de base de la santé en médecine chinoise, c’est le mouvement. Et les Chinois ont inventé une forme d’activité physique qui permet de faire travailler tous les muscles. C’est le Qi Gong. Il existe plus de 300 types de Qi Gong ! Souvent, ils demandent un apprentissage long. C’est pourquoi j’en recommande deux en particulier qui sont particulièrement accessibles : le « La Jin » et le « Gun ». La seule chose requise est d’avoir la persévérance de le faire tous les jours.

Le La Jin peut se faire seul avec la table de La Jin que l’on appelle la table d’étirement des tendons et des méridiens (sans table, il est préférable de le pratiquer avec quelqu’un). [Note de l’IPSN : Vous trouverez ici : http://www.bmtbv.com/le-la-jin-lart-de-setirer/ une vidéo d’explication sur la table de La Jin.]

Le Gun est l’action de rouler sur soi (Vous trouverez ici : http://www.bmtbv.com/le-gun-lart-de-rouler/ une vidéo d’explication sur le Gun). C’est, du point de vue de la médecine chinoise, une façon de mettre en contact l’énergie du Ciel et l’énergie de la Terre. Du point de vue de la médecine occidentale, il s’agit d’ouvrir toutes les petites artères qui sont fermées parce que l’on fait des mouvements stéréotypés tout au long de la journée. Il y a des tas de petits vaisseaux, voire de petits muscles, qui ne sont jamais utilisés alors que d’autres sont sur-utilisés. Avec le Gun, on régule le tout. Par la rotation et la pression sur le corps, on va ouvrir tout un tas de petites artères qui étaient fermées, d’où la sensation de chaleur que l’on peut ressentir après avoir pratiqué le Gun. La circulation est bien activée, tous les organes sont bien oxygénés et l’on retrouve la santé.

Si je résume, il y a trois grands principes à suivre pour se porter bien : éviter les aliments toxiques, avoir des repas équilibrés en protides, glucides et lipides, chauds de préférence car le froid bloque la digestion. Les glaces en fin de repas sont très mauvaises, par exemple. Elles sont mauvaises en général, mais si vous voulez vraiment en prendre une, mieux vaut choisir de la prendre entre les repas ! Et enfin, n’hésitez pas à pratiquer le Qi Gong, car le mouvement, c’est la vie.

IPSN : Merci, Dr Michel Angles, pour ces précieux conseils.

Vous pourrez retrouver Michel Angles à l’occasion de notre grand congrès de Santé Naturelle qui a lieu les 1^er et 2 octobre 2016 au Parc Floral de Paris. Infos et inscriptions ici : http://www.congresipsn.eu/billetterie-congres/

Vous retrouverez également des ateliers de Qi Gong animés par l’excellente Dr Hue et ses assistants. Vous aurez la possibilité de vous exercer à cet art tout au long du week-end.