Qui se cache derrière le complot anti-vaccin?

Chère amie, cher ami,

C’était le thème retenu pour une réunion organisée par un cabinet d’affaires publiques au service des laboratoires pharmaceutiques et des institutions.

C’était le 13 juin 2018. Je m’y suis rendu.

Vous trouverez le compte rendu de cette réunion ainsi que la vidéo ici.

Je vous propose d’analyser la « com » de l’industrie pharmaceutique et ses soutiens utiles.

Car le casting n’avait rien à voir avec « Big Pharma ».

Les vaccins étaient « défendus » par un expert : Thomas Durand, docteur en biologie végétale et « youtubeur ». Il tient un blog de vulgarisation de la science.

Il a affirmé en préambule « ne rien connaître à l’histoire des vaccins ». Déroutant.

Son objectif pour cette réunion : expliquer « pourquoi les gens sont anti-vaccins ».

À l’écouter, on comprend que s’il existe une défiance vis-à-vis de la vaccination, c’est parce que « les gens » pensent mal et qu’ils sont influencés par des « gourous » dangereux comme le Pr Henri Joyeux (la réunion a eu lieu avant la décision de justice en sa faveur).

Le titre de la réunion : « Le complot des anti-vaccins »

Parler de « complot des anti-vaccins » est peut-être utile pour faire venir des participants à une réunion.

Mais c’est surtout un gros mensonge.

C’est indécent aussi. Ceux qui en veulent le plus aux vaccins sont les victimes. Elles n’ont pas droit de cité.

Il a fallu attendre près d’une heure pour que l’on parle d’elles et des effets secondaires…

Et encore, c’est parce que j’ai posé la question !

Les « gourous » de la médecine

En réalité, les victimes avaient été « oubliées ». La logique de Thomas Durand est simpliste.

La vaccination est bonne pour l’humanité, donc les gens devraient être pour la vaccination. S’ils ne le sont pas, c’est qu’ils ont été manipulés.

Par qui ?

Par des gourous qui en profitent pour faire leur commerce et leur gloire.

Thomas Durand s’appuie manifestement sur le rapport de la Miviludes rédigé par une géographe dont la conclusion est que l’action de l’IPSN avec le Pr Henri Joyeux aurait créé une défiance envers la vaccination en France.

C’est d’abord le Pr Henri Joyeux qui est visé.

Mais ce rapport et Thomas Durand oublient l’essentiel : les critiques de l’obligation vaccinale ou de la mise en œuvre de la politique vaccinale s’appuient sur des faits vérifiables.

Les accusations des Thomas Durand et consorts sont juste fallacieuses. Elles ne reposent sur rien, comme l’a confirmé l’annulation de la radiation du Pr Joyeux.

Confusion entre « anti-vaccin » et « anti-obligation vaccinale »

Pourquoi Thomas Durand s’appuie-t-il sur de fausses déclarations du type : le Pr Henri Joyeux est contre la vaccination ou le mouvement anti-vaccin est un mouvement politique extrémiste ?

C’est une technique de communication qui a deux avantages :

on tente de le décrédibiliser l’adversaire en le calomniant ;

on évite d’aborder le fond du sujet et de concéder que peut-être il y a des problèmes de fond à résoudre.

Partout dans le monde, lorsque la question des vaccins émerge, l’industrie se sert des médias pour imposer un débat bipartisan : il y a les pro et les anti.

Ainsi la vaccination est présentée comme un bloc uniforme. Soit on accepte tout ce qui est dit sur les vaccins, soit on est « anti-vaccin ».

Si un médecin formule une nuance, il est d’emblée placardé anti-vaccin. Il passera ensuite plus de temps à se défendre de cette accusation qu’à faire valoir son point de vue nuancé.

Ainsi, le débat n’a jamais vraiment lieu et l’industrie est protégée par le halo de confusion et de fausses rumeurs.

Les journalistes répètent en boucle l’information mise en avant et certaines personnes finissent par croire ce que le système médiatique assène quotidiennement : il existe un complot des anti-vaccins, ces gens-là sont des extrémistes, ils poursuivent un but politique et économique…

Pendant ce temps-là, personne n’écoute les victimes ni les médecins qui posent des questions qui fâchent.

Les « bons » et les « mauvais » scientifiques

Pour enfoncer le clou, Thomas Durand va même plus loin dans la caricature. Il distingue les « bons » et les « mauvais » scientifiques, les « bons » et les « mauvais » journalistes.

Il y a ceux qui veulent votre bien : ils défendent la science et les vaccins. Il y a les autres qui défendent leurs intérêts propres et sont de dangereux « gourous ».

Et si vous vous révoltez, que vous estimez avoir tout de même une pensée autonome, il trouvera bien une catégorie dans laquelle vous classer.

Car si vous pensez que la politique vaccinale telle qu’elle vous est proposée aujourd’hui n’est pas sans défauts, c’est que vous avez des « croyances » …

Les croyances des « antis »

Pour expliquer la défiance grandissante de la population, Thomas Durand nous explique que les gens « ont des croyances ».

Je ne résiste pas à la tentation de vous remettre ce qu’il a dit in extenso :

“Les gens qui croient que les vaccins sont dangereux ont des raisons. Des mauvaises raisons sûrement, mais des raisons. Donc il faut leur parler comme à des adultes à des gens responsables et qui veulent le bien. S’ils ont peur, c’est qu’ils veulent le bien d’eux-mêmes et des gens qu’ils aiment. Il ne faut pas les insulter. Il ne faut pas leur dire que ce sont des crétins. Juste qu’ils sont mal informés. Leur épistémologie est défectueuse, comme beaucoup de gens. Il y a des gens qui croient que Mahomet s’est envolé sur les ailes d’un cheval ailé, que Dieu s’est incarné dans Jésus et s’est fait crucifier, que… et caetera. Toutes les religions, les gens y croient. Les “antivax” ont une croyance.”

Quelle confusion !

Je n’ai jamais entendu quelqu’un évoquer ses croyances pour me parler des vaccins ni chez les scientifiques, ni dans le grand public !

Les sujets qui intéressent les scientifiques… et le grand public !

En réalité, peu de scientifiques remettent totalement en cause la vaccination.

Ce qu’ils dénoncent aujourd’hui c’est le flou total qui existe au niveau institutionnel, ainsi que le refus de répondre aux inquiétudes des citoyens sur :

  • l’indépendance des études scientifiques ;
  • la différence entre les procédures de contrôle des médicaments et celles des vaccins. Les médicaments sont contrôlés contre placebo, pas les vaccins ;
  • la densité du calendrier vaccinal ;
  • l’incohérence des politiques vaccinales d’un pays à l’autre. Au Japon le vaccin Gardasil contre le virus HPV, qui provoque le cancer de l’utérus a été retiré. En France, il a failli être ajouté aux vaccins obligatoires !
  • l’incohérence des recommandations vaccinales d’un expert à l’autre. Par exemple, le Pr Didier Raoult, infectiologue, critique le vaccin HPV et le vaccin contre la rougeole mais regrette qu’il n’y ait pas de stratégie vaccinale pour la grippe et la varicelle. Il dit ce qui se passe en France est très différent de ce qui se passe aux États-Unis. Ce n’est pas de la science mais de la politique (1) !
  • l’utilisation d’une stratégie vaccinale identique pour tous ;
  • la toxicité de l’aluminium ;
  • les campagnes d’informations mal menées par les pouvoirs publics (hépatite B, H1N1)…

Vers une politique vaccinale réfléchie, libre et individualisée

Près de 90 % des Français sont vaccinés.

La plupart des Français acceptent de faire vacciner leurs enfants.

En dépit des alertes régulièrement lancés par les médias, il n’y a pas d’inquiétude majeure sur la situation sanitaire en France chez les experts.

Il n’y a pas de risque d’apparition d’une épidémie dangereuse qui menacerait une bonne partie de la population.

Dans le fond, pourquoi débattons-nous autant de la politique vaccinale ?

Tous les voyants sont au vert pour que nous ayons une discussion citoyenne raisonnable et apaisée.

On sait que chaque personne dispose d’un système immunitaire spécifique qu’il partage avec une « famille immunitaire ». C’est ce que l’on appelle les « groupes HLA ».

Cette identité immunitaire varie. Elle explique que tout le monde ne réponde pas de la même manière aux vaccins. Elle explique que nos besoins en vaccination soient différents.

Elle remet également en cause le fait qu’il faille une couverture vaccinale maximale pour favoriser l’efficacité des vaccins et la disparition des maladies.

On sait par ailleurs que les maladies ne disparaissent pas toujours. Souvent elles se transforment. Les bactéries changent, les virus aussi.

Les stratégies vaccinales doivent être souples et discutées. Les citoyens devraient pouvoir choisir d’y adhérer librement.

Ceux qui ont peur des maladies peuvent se vacciner.

Ceux qui ont peur des vaccins méritent qu’on les écoute et qu’on leur laisse la possibilité de choisir s’ils veulent se faire vacciner ou non.

En tout cas, pour que ce débat existe, il faut que les institutions comprennent que les réticences de la population ne sont pas un « caprice », ni un effet « des croyances » mais l’interrogation légitime d’une population, qui malgré les apparences, en déjà vu d’autres !

Retrouvez la vidéo de cet événement ici (le son n’est pas terrible).

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois

(1)   https://www.youtube.com/watch?v=gssKVHpKBwk

 


3 réponses à “Qui se cache derrière le complot anti-vaccin?”

  1. Salta dit :

    Bonjour,

    j’ai lu votre article avec grand intérêt : je m’informe de tous les côtés pour essayer de comprendre où est le problème avec les vaccins et pourquoi tant de gens sont contre. Je n’ai pas encore d’avis tranché (est-ce possible d’en avoir un?) mais je vous avoue pencher du côté des intérêts à se faire vacciner, pour le moment. Mais je suis atterrée par le mépris que subissent les personnes anti-vaccins.
    Mon com va être un peu long mais j’aimerais avoir quelques éclaircissements sur les points que vous avancez (un lien vers une source fiable ou une réponse de votre part) si vous avez le temps bien entendu, je reprends votre texte et y pose ma questions juste en dessous de chaque point :
    1- l’indépendance des études scientifiques ;
    quelle seraient les critères pour vous pour justifier de l’indépendance d’un étude? comment faire vu le coût? pensez vous que les laboratoires qui font leur propres études tentent de rendre malade la population en mentant sur les résultats ? Qu’ils fassent du fric, ok, on peut en débattre à foison , mais leur prêter des intention maléfiques à grande échelle me parait assez peut probable.
    2-la différence entre les procédures de contrôle des médicaments et celles des vaccins. Les médicaments sont contrôlés contre placebo, pas les vaccins ;
    ça me parait impossible : on ne peut pas exposer des personnes à des maladies consciemment et voir si le vaccin ou son absence fonctionne ou pas, ce n’est pas éthique. qu’en pensez vous?
    3-la densité du calendrier vaccinal ;
    en quoi est-ce un problème ? j’ai l’intuition que c’est problématique mais je ne trouve pas de preuve que c’est problématique .
    4-l’incohérence des politiques vaccinales d’un pays à l’autre. Au Japon le vaccin Gardasil contre le virus HPV, qui provoque le cancer de l’utérus a été retiré. En France, il a failli être ajouté aux vaccins obligatoires !
    c’est étonnant mais je ne sais pas si il y a d’autres différences flagrantes avec d’autres pays dans le système de santé. Est-ce un argument valable dans le sens où peut être que les japonais ont tord, comment savoir?
    5-l’incohérence des recommandations vaccinales d’un expert à l’autre. Par exemple, le Pr Didier Raoult, infectiologue, critique le vaccin HPV et le vaccin contre la rougeole mais regrette qu’il n’y ait pas de stratégie vaccinale pour la grippe et la varicelle. Il dit ce qui se passe en France est très différent de ce qui se passe aux États-Unis. Ce n’est pas de la science mais de la politique (1) !
    c’est l’avis d’une seule personne, y a-t-il une vraie absence de consensus autour des recommandations dans le corps médical ? les américains ont-ils raison ou tord par rapport à nous, quelle est leur façon de procéder?
    6-l’utilisation d’une stratégie vaccinale identique pour tous ;
    en fait non : il y a des gens qui ne peuvent être vaccinés et la vaccination globale est le meilleur moyen de les protéger, d’après mes sources. Qu’en pensez vous?
    7-la toxicité de l’aluminium ;
    j’ai lu moult articles la dessus et il s’avère que non, c’est la dose qui fait le poison, et les doses utilisées de sont pas toxiques, toujours d’après mes sources. En avez vous pour étayer cet argument?
    8-les campagnes d’informations mal menées par les pouvoirs publics (hépatite B, H1N1)…
    H1N1 je vois mais l’hépatite B je ne vois pas de quoi vous parlez, je me rappelle du débat mais pas d’où il est sorti, auriez vous des liens?

    Votre demande de faire appel à l’avis de chaque citoyen pour se faire vacciner ou non me parait terriblement problématique : c’est la santé publique qui est en jeu et non juste un choix personnel, autant je comprends qu’un geste médical obligatoire peut poser un problème moral à la libre jouissance de son propre corps, autant laisser des personnes sans vaccins face à des maladies incurables, invalidantes et mortelles et les laisser mettre en danger d’autres personnes me parait tout bonnement impossible d’autant que certaines maladies, si on n’en survit, ne créent pas d’immunité donc rendent le vaccin incontournable. En quoi pensez vous que chaque citoyen soit assez informé et éclairé pour faire face à ce dilemme?

    Si je comprends bien: grand nombres d’anti vaccins ne sont pas dans un rejet total des vaccins mais des méthodes employées et rejettent certains vaccins mais pas d’autres : pourquoi? Ma question est naïve mais je me demande vraiment pourquoi.

    Navrée de ce commentaire à rallonge et merci d’avance si vous avez le temps d’éclairer ma lanterne.

  2. Franck dit :

    Pour répondre aux point 1- l’indépendance des études scientifiques ; et 7-la toxicité de l’aluminium ; 5-l’incohérence des recommandations vaccinales d’un expert à l’autre. simplement voici quelques éléments dans les médias et quelques études :

    Médias :
    Avec une opinion positive pour les vaccins :
    LCI : 5 arguments des anti-vaccins passés au crible : https://www.lci.fr/sante/vaccins-effets-secondaires-aluminum-laboratoires-5-arguments-contre-passes-au-crible-2058323.html

    Plus neutre :
    20minutes : Vaccins: Pourquoi les adjuvants sont-ils au cœur de la polémique? https://www.20minutes.fr/sante/2108987-20170724-vaccins-pourquoi-adjuvants-ur-polemique

    Deux articles concernant les études sur l’aluminium :
    Plutôt neutre et très fouillé avec 144 études concernant l’aluminium :
    https://www.4emesinge.com/dossier-laluminium-le-scandale-sanitaire-quels-sont-les-dangers-et-comment-sen-proteger/

    Avec une opinion contre l’utilisation de l’aluminium dans les vaccins :
    https://www.vaccinssansaluminium.org/approfondir/connaissances-scientifiques/

    Pour moi le problème est principalement la non-confiance dans les labos (vue le nombre de problème de santé publique du au labos, il y un historique certain : Médiator, Distilbène,Vioxx,Diane 35, Di-Antalvic, Dépakine, Levothyrox, Cytotec (nom commercial du misoprostol etc.. ) et le fait que la toxicité de certains adjuvant sont cumulatifs avec notre vie quotidienne c’est-à-dire notre alimentation entre autre.
    Vacciner oui, mais mieux et sans obligation, avec la possibilité de choisir entre plusieurs vaccins pour chaque pathologie.

  3. Pierre dit :

    Pour répondre au point 2 : Ils n’ont pas été testé contre placebo car leurs efficacité est évalué à protéger de maladies infectieuses, il contient des organismes ou des parties d’organismes spécifique et n’est pas évaluable contre un placebo qui n’engage jamais la productions d’agents immunitaires contre le micro-organisme spécifique. De plus le recul drastique des maladies infectieuses dans le monde n’a t’il pas prouvé leurs efficacité ?

    3- la densité du calendrier de vaccination ne pause aucun problème, c’est d’ailleurs pour cela que certaines vaccinations se font en une seule infection

    6- La stratégie de vaccination généralisé est un problème de santé publique. on ne vaccine pas que pour soit, mais également pour les autres. Une personne vaccinée, non seulement ne contractera pas la maladie mais également ne la transmettra pas à une personne non protégée. Cette technique à permis entre autre d’éradiquer la variole qui pour rappel faisait 10 à 15 millions de mort par an !

    8 – Concernant le lien entre le vaccin Hépatite B et Sclérose en plaque et autres maladies auto-immunes, la divergence des études laisserait au doutes, mais les chiffres épidémiologiques montrent tout de même une absence de lien. Pour rappel, entre la commercialisation du vaccin et 1998, 1,2 million de nourrisson ont été vaccinés et 1 seul a développé une sclérose en plaque, qui ne serait pas en lien avec le vaccin…

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