Voyage au pays des médecins-marins !

Chère amie, cher ami,

J’ai dans ma bibliothèque un très bel ouvrage qui s’appelle Médecines d’ailleurs, rencontre avec ceux qui soignent autrement.[1]

Ce livre réunit les récits de différents voyages effectués par une journaliste scientifique, Elena Sender, avec un médecin urgentiste, Bernard Fontanille. 

Nos deux protagonistes ont rencontré différents guérisseurs du monde entier en Inde, au Brésil, en Ouganda, au Cambodge, etc.

C’est une histoire espagnole qui a attiré mon attention et qui vous vaut la lettre du jour. 

Quelque part dans les eaux de l’Atlantique au large de Santander navigue le Juan de la Cosa.

Ce bâteau-hôpital compte dix chambres individuelles pour les malades, un bloc opératoire, une salle radio, une salle de déchocage pour traiter les urgences avec du matériel de réanimation.

S’y trouvent également un bureau médical pour les consultations en mer, un petit laboratoire d’analyses et un carré pour les malades. 

Le médecin chef s’appelle José Manuel Gonzalez. Il passe deux mois à bord. C’est à la fois un médecin et un athlète. 

Son rôle, avec son équipe médicale, est de porter secours aux marins en mer. 

Il décide s’ils doivent lancer le canot de sauvetage, plonger ou recevoir les marins à bord. Ce choix est crucial. Car porter secours aux uns veut dire attendre pour les autres. 

Il doit être bon médecin et bon marin…

C’est une mission qu’il exerçait déjà précédemment sur un autre navire-hôpital : l’Esperanza del Mar.

Ce dernier naviguait dans l’Atlantique-sud. 

Puis en 2005, l’idée est venue de lancer un deuxième navire dans l’Atlantique nord. 

José Manuel Gonzalez, en raison de son expérience, a été associé à la conception du Juan de la Cosa. 

C’est lui, qui avec les architectes navals, a défini le type de matériel dont le navire devrait être équipé.

Ses interventions auprès des marins concernent le plus souvent des coupures, des lacérations par les hameçons ou encore des brûlures par corde. 

Il arrive aussi que des marins souffrent de contusions ou d’hématomes liés à des chutes ou à des chocs reçus durant leur travail. 

Car les marins pêcheurs lorsqu’ils sont en mer font des journées de 20 heures de travail !

Même lorsqu’ils se reposent sur le bâteau, leurs corps sont sollicités. Ils sont ballottés, ils subissent le froid, l’humidité, le bruit, la houle.

En même temps, c’est leur environnement. 

Un marin explique :

“À terre, je me sens étranger, marginal et marginalisé. C’est uniquement sur la mer, auprès des miens, que je me sens exister, être à ma place.”

Certains marins souffrent aussi du tabac et de l’excès de boisson. Ils peuvent également avoir le cafard ou mal vivre la promiscuité avec leurs compagnons de mer.

Le Dr José Manuel Gonzales est attentif à toutes ces difficultés. Si la mer est trop mauvaise et qu’il ne peut pas intervenir directement, il donne une consultation par radio. Charge aux marins-pêcheurs de soigner leur camarade en suivant les instructions du médecin.

Ils utilisent alors la pharmacie de bord dont les médicaments et traitements sont standardisés. 

Tout l’équipage du navire partage cette vie d’aventure et de marin. 

José Manuel Gonzales mène une vie de héros. 

Une vie digne de figurer dans les grands films ou les séries qui enchantent le public. 

Il pratique la seule médecine qui vaille : celle qui soigne.

Si je vous raconte son histoire aujourd’hui, c’est parce que je la trouve inspirante. 

Elle rappelle qu’être médecin c’est d’abord une vocation, un idéal à suivre, une vie tournée vers les autres et leur mieux-être et parfois leur survie. 

C’est un métier extraordinaire. 

Pourtant, lorsque je parle avec mes amis médecins, ils ne souhaitent pas toujours que leurs enfants fassent comme eux.

Ils sont nombreux à trouver que leur métier n’a plus de sens. 

Pourquoi ? 

Parce qu’ils n’ont plus le droit de faire grand chose. 

Ils sont surveillés.

Ils doivent suivre des protocoles poussés par l’industrie pharmaceutique qui influence la médecine à tous les niveaux. 

Et l’Ordre des médecins n’est en aucun cas le garant de la liberté thérapeutique des médecins ou des patients. 

Cette tendance existe depuis longtemps. 

J’ai vu de nombreux médecins, dont les patients étaient très contents, se faire poursuivre de manière absolument injuste par leur ordre professionnel. 

S’ensuit de longs procès. Qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, ils en sortent souvent fatigués et amers. 

Eux qui ne pensent qu’à soigner se retrouvent à devoir se défendre contre des collègues qui depuis longtemps ne touchent plus un patient !

L’arrivée du Covid 19 n’a fait qu’amplifier ce phénomène. 

La pandémie a permis la mise en place d’un tour de vis supplémentaire avec l’arrivée d’une vaccination obligatoire qui a permis de suspendre ou d’écarter tous les soignants prudents et libres dont les autorités se méfient. 

Pensez-vous, ils soignent leurs patients et leurs résultats sont positifs !

La médecine en mer ou sur terre est une extraordinaire aventure humaine. 

Et elle doit le rester ! Pour le bien-être des patients et des médecins !

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois

 


[1] Elena Sender, Dr Bernard Fontanille, Médecines d’ailleurs, rencontre avec ceux qui soignent autrement, Editions de la Martinière, 2014

3 réponses à “Voyage au pays des médecins-marins !”

  1. Marie-Josephe GUERMEUR dit :

    oui dommage qu’un médecin ne puisse plus exercer librement c’est navrant aujourd’hui,
    je me trouve privée de celui ci qui s’est mis en retrait me laissant dans le plus grand désarroi quoi que j e partage sa décision

  2. annette lambert dit :

    77 ans et fatiguée par tout ce qui se passe (d’anormal) partout. Pas grave à mon âge, mais je suis angoissée pour mes enfants et petits enfants.
    Merci à vous. Continuez surtout et courage.

  3. Ana Casas dit :

    Bravo!,Tout à fait d’accord avec vous. C’est dommage qu’un médecin n’aie pas la liberté de soigner ses malades, C’est tout à fait exact, aujourd’hui je ne fais plus confiance au système officiel de santé., mon médecin est stressé mais en deux ans je ne l’ai pas vu, J’ai du faire mes consultations par téléphone.

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