Faut-il évaluer les médecines naturelles ?

Chère amie, cher ami,

Cette semaine, je vous propose une interview du Dr Dominique Eraud, que je connais bien, à propos du Congrès de thérapies complémentaires qu’elle organise avec le Dr Fernand Vicari à Nancy les 27 et 28 mai prochains. Ce congrès vise notamment les médecins et professionnels de santé et a pour but d’évaluer les médecines complémentaires afin qu’elles trouvent leur place dans le panel de dispositifs thérapeutiques à la disposition de tous. Informations et inscriptions ici.

Outre ce congrès organisé à Nancy, aura lieu le vendredi 3 juin 2016 une journée passionnante (et gratuite) à Lyon dans un cadre d’exception : la Chambre de la région Rhône-Alpes Auvergne. Cette journée s’adresse à tout le monde et porte sur le thème de la nutrition et de la santé durable. Vous y retrouverez des médecins dont le Dr Michel de Lorgeril, chercheur au CNRS et spécialiste de la nutrition. Venez nombreux !

Informations et inscriptions ici.

Ci-dessous, l’interview du Docteur Dominique Eraud, médecin acupuncteur, phytothérapeute et nutritionniste. Dominique Eraud est aussi une femme d’engagement qui, depuis de longues années, se bat pour le développement d’une médecine écologique. Elle a co-créé le premier colloque EcoMédecine en 2008 et l’association Intelligence Verte en 1999. C’est une personnalité ouverte, généreuse et très compétente dans ses domaines de prédilection.

Bien à vous,

Augustin de Livois

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IPSN : Dominique, tu fais partie du comité d’organisation d’un grand congrès de Médecines alternatives et complémentaires à Nancy. A qui est destiné ce congrès ? Quel en est le but ?

C’est d’abord une initiative du Dr Fernand Vicari, gastro-entérologue de Nancy, qui a toujours été intéressé par les médecines alternatives. Il faut dire que dans le monde de la gastro-entérologie, on sait depuis longtemps l’importance de l’alimentation. Aujourd’hui, ce n’est pas un hasard si « l’intestin » est partout à l’honneur, car la recherche est venue valider ce que le terrain nous apprenait depuis des siècles.

Il est venu me voir parce que je suis engagée sur ce terrain depuis longtemps. Le rapport récent (1) de l’OMS sur ces médecines nous a convaincus de la nécessité d’agir auprès de nos confrères médecins et du public de manière générale. Le temps est venu de faire reconnaître ces approches thérapeutiques au niveau institutionnel !

Fernand Vicari s’est dit que l’on pouvait réunir des professeurs de médecine et des médecins reconnus de différentes villes de France et de différents pays et que, si chacun faisait venir un ami, cela créerait un grand rassemblement capable de faire évoluer les perceptions que les institutions peuvent avoir de ces médecines.

Nous avons eu envie d’organiser ce grand événement à Nancy, d’abord parce que c’est une jolie ville, d’où Fernand est originaire. C’est aussi une cité ouverte sur l’Europe où, en en plus, les thermes ré-ouvrent cette année.

Une ville d’eau pour les médecines complémentaires, qui comprennent aussi les approches quantiques comme l’homéopathie, c’était un bon signe !

D’emblée, nous avons été emballés par l’engouement suscité par notre initiative et je remercie de tout cœur tous ces médecins, professeurs, membres de l’Académie , doyens de faculté, etc. qui ont accepté de participer et même de faire partie du comité d’expert !

IPSN : Quel est le mode d’évaluation ? Comment cette évaluation va-t-elle se matérialiser ?

Déjà, nous avons opéré une sélection au départ par le biais de notre comité d’experts. Tous les orateurs pressentis ont soumis une présentation qui a été validée par ce comité. Le dossier devait répondre à des exigences bibliographiques notamment. Il fallait citer les publications significatives sur lesquelles s’appuyaient les scientifiques participants pour défendre la valeur de l’approche thérapeutique qu’ils ont décidé de présenter. Et c’est après ce premier congrès que nous établirons la méthodologie à suivre pour l’évaluation de ces thérapies. Nous sommes des pionniers ! Nous allons devoir… innover ! Car l’objectif est de renouveler l’expérience.

IPSN : Est-ce que le grand public est aussi convié à cette manifestation ?

Oui bien sûr ! Nous proposons un « village » pour le public et des ateliers comme « se soigner les dents avec des huiles essentielles » ou la « nourriture ayurvédique. ». Il y aura de nombreux stands et animations.

IPSN : L’organisation de ce congrès t’a donné l’occasion de rencontrer et de discuter avec de très nombreux collègues, médecins hospitaliers ou non. Comment cette démarche a-t-elle été perçue ? Trouves-tu qu’il y ait des avancées dans la prise de conscience à la fois de l’engouement du public pour ces thématiques mais aussi des progrès de la science dans ces domaines.

On pensait que le projet serait compliqué à présenter. On s’en faisait toute une idée ! En fait, beaucoup de monde est prêt au changement ! On s’est rendu compte qu’il n’y avait pas tant de freins que cela chez les confrères et qu’en réalité c’était un problème de  » communication » : à la fois entre nous et des sujets que nous traitions. On sait bien que souvent, on critique ce qu ‘on ne connait pas !

Pour moi, cela a été une surprise parce qu’en 2008 et 2010, j’avais organisé les premiers colloques sur l’éco-médecine à la fac de pharmacie de Paris puis, en 2011, avec la région Ile de France. A l’époque, les réticences avaient été nettement plus fortes. J’avais réuni lors de ces colloques de nombreux professionnels de santé spécialisés dans les « médecines écologiques ». Nous avions créé ce nom qui nous paraissait plus positif que le terme « médecines alternatives ».

À l’époque nous réunissions aussi bien les médecins que les vétérinaires ou les dentistes. Cette fois nous voulons échanger avec les médecins conventionnels. C’était d’abord un choix personnel parce qu’il s’agit de ma famille : je suis médecin !!! Mais c’est aussi parce que le moment est venu de « travailler ensemble ». Ils ne sont formés ni à la nutrition, ni à la phytothérapie, ni à l’acupuncture… Il faut donc à la fois les initier à ces médecines, leur apporter des informations complémentaires et surtout créer du lien entre nous pour faire tomber les murs d’incompréhension. Par exemple, j’ai des amies qui ont été diplômées en même temps que moi. Elle sont cardiologues, gynéco,… Elles font un travail formidable avec compétence et humanité mais elles n’ont aucune notion de nutrition. Sur ce sujet comme sur les autres, elles n’ont eu aucun enseignement à la faculté.

Et pourtant, ces médecines sont autant d’atouts pour les médecins que pour les patients ! Le Pr Antoine Lazarus de l’Université de Paris Bobigny nous a dit, à l’occasion d’un de ses cours, que 65% des pathologies peuvent être soignées par les médecines alternatives. C’est déjà pas mal ! Qui, de toutes façons, peut prétendre à 100% ? Et puis, nous sommes médecins, nous connaissons nos limites et celles des approches thérapeutiques que nous pratiquons. Pour une appendicite, mieux vaut se faire opérer !

C’est cela même les médecines intégratives : travailler ensemble ET en lien permanent avec le patient.

IPSN : Et au niveau de l’administration, il n’y a plus de réticences alors ?

Si, tout de même. Les choses évoluent certes mais nous ne sommes pas dans un monde de « bisounours » non plus. Un exemple : en homéopathie, on nous retire chaque année des souches (traitement homéopathique). On prescrit un médicament à un patient. Celui-ci va à la pharmacie où il apprend que le médicament (sans explication) est soit interdit en France, soit pas remboursé. Il faut bien comprendre que les patients qui se soignent depuis des années avec des traitements qui fonctionnent n’hésitent pas : ils vont à l’étranger pour se procurer des produits. Ils vont en Suisse, en Allemagne, par exemple, où la liberté est plus grande, où souvent ils vont l’acheter même s’il n’est plus remboursé. Mais, pour certains, cela ne sera pas possible. C’est pourquoi nous sommes demandeurs du libre choix thérapeutique car c’est injuste.

On peut nous comparer à l’agriculture BIO : ces paysans n’intoxiquent pas la planète… or légumes et fruits sont vendus plus chers puisqu’ils ne reçoivent pas les mêmes subventions que les autres. Idem pour la médecine : si vous choisissez une médecine « écologique », vous n’intoxiquez pas votre corps, ni la planète et vous devez payer ces soins car ils sont peu remboursés ???

IPSN : N’est-ce pas un paradoxe ? Le colloque suscite l’engouement général mais l’administration continue à vouloir limiter l’extension de ces médecines ?

Eh oui ! Mais il y a des lobbies en France…

IPSN : En Suisse aussi, non ?

En Suisse, ils ont fait une votation ! Et les autorités sont, de manière générale, à la fois plus rationnelles et plus transparentes qu’en France. Par exemple, une mutuelle peut affirmer dans sa documentation : « Le rapport d’un service gouvernemental Suisse qualifie les traitements homéopathiques d’efficaces et économiquement intéressants sur les bases d’une étude indépendante montrant leur efficacité dans cette indication pour un coût modéré, de ce fait ils sont pleinement reconnus par l’assurance maladie helvétique qui les prend en charge. »

Donc en Suisse, après avoir fait voter les citoyens sur le sujet, il a été décidé de rembourser les traitements homéopathiques. Il y a bien eu des voix ici ou là pour contester le vote mais in fine, tout le monde a accepté cette situation qui permet un libre choix des patients. Quand on voit ces évolutions, on se dit que nous avons encore du chemin à faire en France…

IPSN : Le thème sur lequel tu vas t’exprimer sera : « Mindfulness et médecine intégratives ». Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Le « Mindfulness » ou la « pleine conscience », c’est ma vie. Je pratique la méditation depuis 30 ans.

Les médecines alternatives, c’est ma vie : je pratique depuis 30 ans.

Il m’a semblé que c’était le moment de parler de ces deux centres d’intérêt qui interagissent et dans lesquels on parle de « vide ».

Par exemple, en médecine chinoise, on retrouve plusieurs domaines complémentaires : acupuncture, diététique et hygiène, phytothérapie et aussi Qi Gong, massage (Shiatsu, etc.). Et méditation ! Dans l’acupuncture et dans l’homéopathie, il y a la notion de vide, de vacant. Ce sont des médecines du vide qui n’est pas le néant ! Le vide est rempli d’anti-matière. On agit sur l’anti-matière. Ce sont des médecines quantiques.

IPSN : Et donc comment évalue t’on le « mindfulness » ?

L’évaluation est déjà en cours ! Regarde Christophe André, ce médecin psychiatre qui soigne à l’Hôpital Saint-Anne par le mindfulness. A Strasbourg, un DU de méditation et neurosciences a été créé par des médecins pour les médecins, les biologistes et les psychothérapeutes.

Ceux qui ne connaissent pas le mindfulness sont en dehors du coup ! Aux Etats-Unis, cela fait des années que la méditation est étudiée et que ses bienfaits ont été reconnus par les scientifiques. (Citons les travaux du Dr Ornish, par exemple et ceux de Mathieu Ricard).

IPSN : L’année dernière, à l’occasion du congrès IPSN cette fois, des 3 et 4 octobre 2015, tu avais parlé de l’expérience que vous meniez avec une équipe de médecins sur la vaccination personnalisée. Peux-tu nous dire où en est cette expérience ?

C’était une expérience sur la vaccination personnalisée. (Vous retrouverez le détail de la conférence du Dr Dominique Eraud dans le résumé que nous avons fait desconférences ici – Bien descendre dans la page).

Nous avons transmis l’expérience à la Députée Sandrine Hurel (en charge de réunir des informations sur les vaccins) qui l’a intégrée dans le rapport qu’elle a remis à la Ministre. Je pense que notre étude a participé dans le fait que le Gouvernement ait voulu lancer un débat sur le sujet même si nous l’attendons toujours… Mais le simple fait de lancer l’idée « d’évaluer les vaccins »est un progrès. Evaluer Dieu, cela montre que c’est déjà moins Dieu…!

IPSN : L’étude sera t’elle reproduite ?

Ce serait l’idéal. Il faudrait même qu’elle soit menée sur une population plus large. Cette expérience qui a été menée à l’hôpital privé nord parisien est exemplaire et pionnière : une merveilleuse collaboration entre la directrice, le responsable santé, la médecine du travail, un laboratoire privé expert, le CA, l’association C2DS (responsable développement durable) et le personnel ! Et les résultats, même sur une petite population, a montré des chiffres éloquents sur les pourcentages d’anticorps qu ‘on a retrouvés. Ce genre d’initiatives fait nécessairement avancer les choses.

ISPN : Au-delà du colloque que tu co-organises, quelle est ton actualité du moment ?

Dans le cadre de l’action menée par l’ONG Solidarité Homéopathie Paris, dont je suis la Présidente, nous allons organiser une journée portes ouvertes chez Emmaüs Paris pour faire connaître les médecines alternatives aux populations fragiles. Acupuncteurs, homéopathes et ostéopathes vont donner toute la journée des consultations bénévoles et parler de ces thérapies. Par ailleurs, je participe à la finalisation d’un livre écrit en collaboration, suite à un colloque : « Humanisme, mindfulness : une éducation pour le XXIème siècle » qui a eu lieu à Karma Ling en septembre 2015 et qui réunissait le lama Denys Rimpoché, Edgar Morin, Patrick Viveret et Eline Snel notamment. Enfin, je enfin tenais à te remercier pour la confiance que tu nous as accordée en acceptant de faire partie de la table ronde en compagnie de Paul Lannoye (ex-député européen en charge d’un rapport sur les médecines alternatives), Olivier Abossolo (qui a créé un centre de médecines intégratives à Avignon) et Christine Belhomme (membre fondateur de C2DS). Merci pour cet interview de l’IPSN dont je suis le chemin depuis le début et qui apporte à mes amis et patients une information facile à lire et très bien documentée dans le domaine qui nous passionne tous les deux : le bien être !

 


2 réponses à “Faut-il évaluer les médecines naturelles ?”

  1. Bonsoir,
    J’ai beaucoup aimé le livre de Mathieu RICARD avec le Dr Christophe ANDRE et Alexandre.
    J’aimerais avoir un rendez-vous pour ma fille Delphine avec le Dr CHRISTOPHE ANDRE. Exerce-t-il à Sainte Anne?
    Bien cordialement
    Françoise COLIN

  2. BARGAIN dit :

    Bonjour,
    Peut on avoir l’adresse des pharmacies allemandes,ou suisse dont le personnel parle français afin de leur expédier nos ordonnances médicales pour la délivrance de médicaments homéopathique.
    D’avance merci.
    Cordialement.
    Mr BARGAIN Jean-Paul.

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